Caroline Hanny

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PARCE QUE JE LE VAUX BIEN

« Parce que je le vaux bien »... Vous souvenez-vous de ce slogan de l'Oréal qui a fait le tour du monde depuis 1971, et qui a agité bien des plumes du côté des féministes s'insurgeant que l'on doive mériter les bienfaits d'un shampoing ?! En fait, Ilon Specht a écrit ce slogan justement parce qu'elle en avait marre des spots publicitaires destinés à plaire aux hommes, il s'agissait de soutenir l'émancipation et l’indépendance des femmes.

Effectivement les cheveux et ce que l'on en fait, est un positionnement sur notre façon de vivre, au même titre que notre façon de nous habiller véhicule une multitude de messages. Qu'on y apporte un soin tout particulier ou non, qu'ils soient courts ou longs, blonds ou rouges, que cela soit un parti pris conscient, ou un laisser-aller inconscient, rien n'est anodin, nos cheveux racontent aussi notre mythologie personnelle.

D'ailleurs, me concernant, c'est un véritable casse-tête, mes cheveux! Je n'arrive pas à me stabiliser dans mes goûts, régulièrement, genre tout les 2/3 ans, je les coupe courts, pour signifier un changement radical, voire pour me nettoyer d’une mémoire encombrante, et même pour me punir.

Sur le moment, je suis toujours hyper contente, comme si on pouvait mieux lire dans mon regard, et ne pas se laisser prendre par un jeu de séduction intrinsèque aux cheveux longs. Alors je me sens plus forte, soulagée d'avoir coupé un critère trop répandu de sensualité. Le soucis, c'est que cette force ne dure jamais plus de trois semaines, arrive toujours un jour où je regrette mes cheveux semi-longs d'antan, mon reflet ne me convient plus, alors je laisse à nouveau pousser mes cheveux. Et quand ils ont retrouvé une certaine longueur, je me promets de ne plus les sacrifier. D'autres choix subsistent, dégradés ou non, lisses ou bouclés, châtains ou roux. Donc beaucoup d'indécisions. Mais outre des considérations de style, plus ou moins superficielles, je sens bien que la longueur de mes cheveux m'apporte une énergie supplémentaire. Quand je suis nue, ma chevelure m'offre comme un habit de protection, c'est aussi une parure pour voyager la nuit dans d'autres dimensions.

Et je ne suis d'ailleurs pas la seule à percevoir la magie du cheveu, puisque dans de nombreuses cultures chamaniques, les cheveux sont considérés comme un canal entre la terre et le ciel, permettant à l'énergie de circuler entre les deux mondes. Ils sont aussi perçus comme l’énergie vitale d'une personne, contenant son essence, en lien direct avec son âme. Les chamanes utilisent donc les cheveux pour établir une connexion avec une personne à travers son énergie. Les cheveux peuvent également être utilisés dans des rituels de protection, de purification, de guérison. Ils sont aussi tressés, attachés à des amulettes ou des talismans pour renforcer la connexion avec le monde spirituel.
Selon d'autres traditions chamaniques, les cheveux sont coupés ou rasés lors de rites de passage. Cela symbolise une transformation ou une libération d'énergies passées.

Ainsi, vous avez peut-être déjà remarqué dans mes œuvres que les cheveux font partie de mes éléments de prédilection, d'une part pour les références chamaniques citées ci-dessus, et d’autre part pour leur côté immortel, les cheveux sont une des rares matières du corps humain à traverser le temps, ses structures se décomposent difficilement, il paraît que cela fait le bonheur des archéologues qui peuvent mieux étudier les momies grâce aux cheveux. Aussi, j'aime semer la confusion, qu'on puisse hésiter entre la représentation de racines ou celle de cheveux aux vent.

Lors de votre prochain passage chez le coiffeur, pensez à garder une mèche, et à la prochaine lune, faites-en une offrande, vous pourriez bien être surpris par quelques manifestations extraordinaires les jours qui suivent.

Et que les chauves ne se sentent pas exclus de cette lecture, vous avez un super domaine spirituel qui vante les louanges des crânes rasés, parmi les moines et nonnes bouddhistes.