Mes performances artistiques // Partie 2
L'histoire de la performance artistique est riche, et comme le souligne une proposition du Centre Pompidouhttps://mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-Performance/ ainsi que l'excellent ouvrage de référence LA PERFORMANCE DU FUTURISME À NOS JOURS de Roselee Golberg aux éditions L'univers de l'art, ce qui fait la particularité de la performance artistique c'est qu'elle n'est pas définissable.
C'est surement pour cela que c'est un medium parfait pour moi, qui ai ce besoin viscérale de me sentir électron libre, autant j’aime m'imposer des cadres, autant je supporte difficilement qu'on m'en impose.
J’accueille alors à bras ouvert de pouvoir définir librement ma vision de la performance artistique.
Mes performances font référence à l'au-delà, à la mort, aux esprits, aborder ces thématiques est délicat, elles sont parfois jugées tabous, ou font appel à des blessures, des émotions, des souvenirs particuliers, je ne souhaite pas ouvrir davantage les plaies si elles sont encore à vif, ni raviver des douleurs, bien au contraire, je préfère montrer la voie vers d'infinies possibilités, maintes légendes, et possibilités de voyager à travers les mondes, continuer à communiquer avec les esprits, avec notre cœur, pour apaiser nos peurs et trouver la paix.
Aussi si la performance me convient parfaitement, c'est que je ne suis pas à l'aise avec le théâtre, après avoir eu une mémoire d'éléphant jusqu'à la fin de mes études, du jour au lendemain, j'ai fait un rejet, je ne parviens plus à apprendre par cœur un texte.
Mes dernières performances semblent chorégraphiées, proches de la danse, je ne les réalise pas au millimètre près quand je me mets en scène devant le public, il y a toujours une part d'improvisation, certes, je scénarise les performances, mais juste dans les grandes lignes, je laisse l'instinct de mon corps décider.
Je prévois et vis mes performances comme des rituels, des cérémonies, donc oui il y a un protocole, mais il ne nécessite pas de précision particulière. Ce qui n'empêche pas d'avoir besoin d'être hyper concentrée pendant les performances, je cherche un lâcher prise et une authenticité et en même temps il y a des facteurs à maitriser, comme le trac, pour cela la méditation m'aide beaucoup, ainsi que la visualisation avant de commencer, et l'ultime ingrédient le plus important c’est d’avoir envie de partager ce moment, de l'offrir avec le cœur, que cela reste une présence d'amour, la plus lumineuse possible, en toute sincérité, tant avec le public que le bonheur pour moi d'être dans ce moment à offrir cette présence, ce spectacle.
Alors dans ce sens, il y aurait une proposition de divertir le public, malgré tout, cela reste une performance parce que son format ne correspond pas à des schémas prédéfinis de spectacles divertissant.
Sans mon expérience dans la mode, ces performances ne seraient pas ce qu'elles sont, même si j'endosse le personnage du chamane, de la magicienne ésotérique, de la prêtresse, de l'icône sacrée, le vêtement est l'élément-phare de de ces performances. Il me sert de métaphore, c’est un outil de rituel, les voiles sont les frontières entre les mondes, les séances de déshabillage et habillage permettent la métamorphose, accompagnent les changements vibratoires de la chamane, ou s’associent à des rites initiatiques.
Les vêtements sont liés au concept de création, un début, une fin, l'usure, le recyclage comme la réincarnation, ils peuvent être immortels, certains traversent le temps, et conservés dans les musées depuis des siècles, métaphysiques, tantôt profanes, tantôt sacrés.
Et puis les vêtements permettent le travestissement, pour mettre en lumière un personnage, se cacher, créer un leurre. Ils influencent ma gestuelles, mes mouvements, mes déplacements, mes danses jusqu'à la transe. Mes costumes servent de protection quand je simule des voyages chamaniques. Ce sont aussi des vortex vers d’autres mondes.
Les vêtements de nos jours deviennent fétiches, du porte-bonheur à la frontière de la superstition. Il y en a même qui nous accompagnent toute une vie, récupérés de nos parents.
Comme Einstein stipule que tout est énergie, la moindre fibre aussi vibre sa fréquence propre, connectée à ce que nous en faisons. J'ai cette manie quand j'achète un vêtement de le laver, mais aussi de faire un nettoyage énergétique, pour effacer les mémoires de fabrication, des égrégores qui s'y greffent. Peut-être est-ce superflu, encore une croyance inutile et erronée ? Et peut-être pas, comme le monde est à notre image, selon nos filtres de perception, tout devient possible.
Alors rêvons ce monde avec poésie, à le rendre beau, se consacrer à l'amour, je performerai toujours dans ce sens, je le souhaite.